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Entretien Dr Sidiki Cissé (DG de l’Anader) « Comment le Président Ouattara a redonné vie au Conseil Agricole et Rural en Côte d’Ivoire»

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Comment se porte l’ANADER, après 30 ans d’existence au service du Conseil Agricole et Rural ?

A l’orée de la célébration de ses 30 années d’existence, nous pouvons confirmer que l’ANADER se porte bien. L’Institution est dans une bonne dynamique parce qu’elle continue de bénéficier de la confiance de l’Etat de Côte d’Ivoire à travers tous les projets d’envergure nationale qui lui sont confiés.

Comment la crise militaro-politique de 2002 a-t-elle fragilisé votre structure sur l’ensemble du territoire ?

La grave crise militaro-politique que notre pays a connu a eu d’énormes répercussions sur la mise en œuvre de notre mission à savoir le déploiement du conseil agricole et rural sur toute l’étendue du territoire national.  En effet, la scission du pays en deux durant près de 10 ans, avec toutes les restrictions pour avoir accès à une localité a empêché l’ANADER de jouer pleinement son rôle. Cependant avec la stabilité retrouvée, les autorités ont jugé nécessaire de la mise en place rapide du dispositif afin d’éviter au pays une crise alimentaire.

Est-ce à dire que la structure était inexistante pendant cette période de crise ?

L’entreprise fonctionnait normalement mais toutes les équipes basées dans les zones assiégées ont été déplacées dans le sud du pays. Il est important de souligner que le travail de formations des exploitants à la base sur les bonnes pratiques agricoles avait laissé un certain nombre d’acquis qui ont permis à certaines Organisations Non Gouvernementales (ONG) de continuer le travail sur le terrain dans cette partie du pays.

 10 ans plus tard qu’elle était l’état des lieux de la structure.

Le siège qui nous accueille actuellement avait été saccagé. Tous nos véhicules avaient été volés. Son aménagement a pris près de deux ans. La situation était pareille au niveau de nos Directions Régionales dans l’ex-zone CNO. Le tissu d’encadreurs n’existait plus,  il a donc fallu tout reprendre. Heureusement en 4 voire 5 ans tout a été reconstruit grâce à l’appui du chef de l’Etat SEM Alassane Ouattara.

Quel a été l’impact de cette fragilité sur l’agriculture ivoirienne

L’impact le plus important se situait au niveau de la formation de nos exploitants agricoles. En effet, la plupart d’entre eux qui avaient bénéficié d’une formation auparavant n’ont pas pu restituer leur savoir-faire. La relève n’ayant pas été assurée, il a fallu reprendre la formation pour un certain nombre de spéculations. Il y a eu un moment où on a senti un certain relâchement de la part des exploitants agricoles car la continuité du renouvellement des bonnes pratiques n’étant pas faite. Cette situation a une conséquence sur les rendements et la constitution des réserves.

Dès 2011, avec l’avènement au pouvoir du chef de l’Etat Alassane Ouattara, quelles sont les initiatives qui ont été prises par le Gouvernement pour assurer le redéploiement de l’ANADER sur l’ensemble du territoire ?  

Plusieurs initiatives ont été prises. Tout d’abord il a fallu convaincre les techniciens agricoles de rejoindre leur poste, car il était important de redéployer le dispositif sur le terrain. Sur ce point, il faut noter qu’il y a des décisions qu’on a dû prendre d’autorité face à leur réticence.  Ensuite, il fallut doter à nouveau les agents d’un certain nombre d’équipements. Grâce au budget que nous a alloué l’Etat de Côte d’Ivoire sur les 4 années qui ont suivies, nous avons pu acquérir certains matériels. Nous avons pu acheter notamment de nouveaux engins, de nouveaux mobiliers  et refaire les itinéraires techniques pour certains agents. Par ailleurs, nous avons reconstitué le tissu d’encadrement physique sur le terrain et procédé à un renforcement de capacités des Agents pour qu’ils puissent reprendre le travail.

Cette reconstitution a-t-elle bénéficiée d’un plan Marshall du Gouvernement ?

Il est important de rappeler que la Côte d’Ivoire sortait d’une crise, tous les secteurs devaient bénéficier du plan Marshall. L’aspect agriculture qui est fondamental à la sécurité alimentaire n’a pas été laissé en reste. Nous voulons profiter pour remercier les partenaires qui nous ont aidés pour la reconstitution de ce tissu d’encadrement, surtout le Gouvernement ivoirien qui a fait des efforts en matière de décaissement.

 « Après la décennie de crise, l’Anader a bénéficié d’un plan Marshall d’environ 30 milliards de FCFA »

 Pouvons-nous avoir une idée de cette manne financière ?

C’est un plan Marshall qui tourne autour de 30 milliards de FCFA

Quelle comparaison pouvons-nous faire de l’ANADER  de 2002 à 2011 et de 2011 à nos jours ?

L’ANADER d’aujourd’hui évolue dans un contexte où l’on discute de la transformation structurelle de l’Agriculture pour aller vers les questions de transformations, de commercialisation, de mise en marché, d’évolution, de prise en compte de tous les aspects liés à la modernisation et des TIC. Ces aspects n’ont rien avoir avec l’ANADER de 2002 à 2011, où certaines technicités n’étaient pas encore une réalité et ainsi que les retards de salaires de 4 à 5 mois. Après la crise de 2011, nous avons pu reconstituer le tissu. L’appui apporté aux exploitants agricoles et la qualité des bonnes pratiques ont permis de bons résultats au niveau du cacao. De 2002 à 2011, nous avions 100 FCFA de décote sur le cacao par rapport à sa qualité. Après 2011, la Côte d’Ivoire n’a plus de décote sur son cacao. Avec les 2 millions de tonnes produites aujourd’hui, c’est 200 milliards de FCFA économisés.

Y a-t-il d’autres cultures de rente qui ont bénéficié de ce changement ?

La qualité de nos conseils ont permis la relance de la production de l’anacarde, qui est aujourd’hui à 1 million de tonnes qu’on commercialise. L’anacarde est même devenu le cacao du nord. On note également un progrès incroyable au niveau des cultures comme le riz, le maïs ou la banane plantain et d’autres cultures vivrières.

A 30 ans, l’ANADER nourrit-elle encore des ambitions ? Avez-vous des perspectives à nous partager ?  

Le monde agricole est en évolution et le conseil agricole doit s’adapter à cette évolution. On entend souvent parler de transformation structurelle de l’économie. Il est aussi question de solutions pour nourrir les 8 milliards d’habitants d’ici quelques années, nous devons donc suivre l’évolution pour répondre toujours présent.

Comment l’ANADER va-t-elle répondre au défi de la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire ?

L’Etat de Côte d’Ivoire met à la disposition de l’ANADER des moyens pour que les questions de sécurité alimentaire puissent être mieux traitées et suivies. A cet effet, plusieurs projets nous été confiés dans le cadre des programmes sociaux du Gouvernement. Nos équipes sur le terrain sont à pied d’œuvre afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles. Nous travaillons sur le vivrier, le manioc, le riz, la banane plantain et plusieurs autres filières. Dernièrement il a été dit que 35% du déficit au niveau de la sous-région peuvent être comblé par la production ivoirienne. Nous devons donc travailler dans ce sens pour combler ce déficit dans la sous-région.

Qu’est-ce qui va marquer les festivités marquant les 30 ans ?

Cette célébration sera majoritairement portée sur la réflexion. Nous ferons le bilan de la contribution de l’ANADER dans l’évolution de l’agriculture ivoirienne. C’est une occasion également de voir comment nous adapter en cette période de mutation qui vient et qui va s’imposer à nous.

Mot de remerciement à l’endroit du Président de la république

Nous profitons de votre canal pour adresser nos remerciements les plus sincères au Chef de l’Etat SEM Alassane OUATTARA. En 2013, nous avons envoyé le Conseil d’Administration dans les grands pays comme la Malaisie, l’Indonésie, qui ont bénéficié de ses plans de relance économique. Aujourd’hui, nous analysons mieux la portée de ses plans. Il avait réussi à booster l’agriculture dans ces pays. C’est cette politique que la Côte d’Ivoire adopte avec les plans que nous mettons en place pour le vivrier, le cacao, l’anacarde. Nous nous rendons compte que ce sont les mêmes schémas d’évolution, de transformation de mise en marché pour faire gagner un capital en terme commercial.

Il faut donc saluer l’action mise en place  par le Président de la République et son Gouvernement pour que la Côte d’Ivoire reste ce pays fort en termes d’Agriculture pour la sous-région et l’Afrique.

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