1) Depuis combien de temps existe le CDT? Quelle est sa principale mission?
Le Centre de Démonstration et de promotion de Technologie (CDT) de façon opérationnelle existe depuis plus de dix d’années. Mais en termes de formulation de textes, la création du centre date d’une quinzaine d’années. Pour être plus précis, le CDT a été officiellement créé le 22 Septembre 2007 et inauguré le 14 Janvier 2009. Le Centre est né de la coopération bilatérale entre l’Etat de Côte d’Ivoire représenté par la Société Ivoirienne de Technologie Tropicale (I2T) et l’Etat de l’Inde représenté par la société d’Etat National Research and Development Corporation (NRDC). L’accord de partenariat signé entre l’I2T et le NRDC pour une durée de trois (3) ans a pris fin le 22 Août 2010, date à laquelle la gestion du Centre est revenue entièrement à la Côte d’Ivoire, par l’entremise de la Société Ivoirienne de Technologie Tropicale(I2T).
Nous pouvons déterminer trois (3) principales missions assignées au Centre par l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous pouvons citer le renforcement de la capacité technologique de la Côte d’Ivoire par le transfert de technologies déjà éprouvées ailleurs. Il s’agit également de susciter et stimuler la création de petites entreprises, tout particulièrement dans le secteur de la petite agro-industrie. Enfin, valoriser les résultats de la recherche technologique obtenus à la Société Ivoirienne de Technologie Tropicale (I2T), ainsi que d’autres structures de recherche et qui jusqu’à présent n’ont pas fait l’objet d’une promotion réelle.
2) Le Programme National d’investissement Agricole (PNIA) dans sa phase 2 (2017 2025) définit la transformation locale des produits agricoles comme un pilier essentiel pour la transformation structurelle de l’économie ivoirienne. Quelles sont les actions que mène le CDT pour demeurer en phase avec cet objectif cher au Président Alassane Ouattara?
Le CDT est une structure étatique et l’agro-transformation étant le cœur de nos activités, nous pouvons dire que cette vision de l’Etat fait de nous des privilégiés. En effet, il est important pour la Côte d’Ivoire de valoriser sa production car le pays est aujourd’hui premier producteur mondial et africain de plusieurs spéculations agricoles notamment le cacao, l’anacarde, l’hévéa etc… Nous avons réussi le défi de la production, il nous faut aujourd’hui aller à la transformation pour asseoir les bases d’une bonne industrie et apporter une plus-value à nos matières premières.
Le CDT est donc en phase avec les orientations du Gouvernement. Pour ce faire, plusieurs initiatives sont menées, il s’agit entre autres des offres de prestation sur nos différentes lignes c’est-à-dire permettre aux clients qui n’ont pas les moyens d’acquérir des machines, de transformer leurs produits au Centre à moindre coût tout en respectant les normes d’hygiène. Par ailleurs, chaque année, le CDT organise des journées dédiées à la transformation dénommées Journées des Métiers de la Transformation (JMT) permettant d’offrir la visibilité à tous les acteurs de la transformation ainsi qu’à des équipementiers locaux. Le Centre initie également des caravanes dans les régions de la Côte-d’Ivoire pour faire la promotion et la vulgarisation des technologies, particulièrement dans l’agro-transformation. Comme action, le CDT met également à disposition dans ses locaux, des box dédiés aux agro transformatrices pour la vente de leurs produits. Il est important de rappeler que pour cette année les JMT auront lieu dans le mois de novembre juste après le SARA.
3) Pouvons-nous avoir des caractéristiques de quelques appareils mis à la disposition des producteurs ivoiriens par le CDT afin de réduire la pénibilité du travail?
La force du CDT réside dans le fait que nous répondons favorablement à toutes les sollicitations, notre philosophie est de répondre à tous les besoins. Notre souci majeur est de satisfaire prioritairement les acteurs de la petite transformation d’abord. Le premier niveau de transformation doit être un réflexe chez tous les producteurs ivoiriens. Nous accompagnons également des agro-transformateurs qui ont besoin d’appareils d’une grande capacité de production. Les prix des machines dont nous disposons varient entre 5.000 FCFA et 100 millions F CFA.
Au CDT, il existe une panoplie d’équipements disponibles sur le site. On en distingue plusieurs selon le type d’énergie, électrique, diesel ou à gaz. Nous pouvons citer :
- La batteuse égreneuse de maïs qui enlève à la fois les spathes, égrène en séparant les grains des rafles. Contrairement à nos concurrents, celle disponible sur notre site est multifonctionnelle car elle peut aussi battre et vanner le riz. Elle égrène environ une tonne de maïs par heure, réduit de ce fait la pénibilité du travail.
- L’extracteur de pulpe de mangue qui permet de faire le jus de mangue. Il permet la séparation du noyau et de la peau par un orifice et par un autre la récupération de la pulpe. Cette extraction se faisait de façon manuelle et la production ne pouvait pas se faire en grande quantité. Cette machine peut produire environ 300 Kg de pulpe de mangue par heure.
4) Quel est le mécanisme de fixation de prix des différents appareils?
Nous fixons les prix des machines en fonction du mode d’acquisition des technologies. Nous travaillons avec des partenaires étrangers qui nous font parvenir des appareils, il y’a toute une chaine de coûts liés à l’importation de ces engins qui se répercutent sur le coût final.
5) Vos appareils sont-ils fabriqués localement uniquement ?
Nous importons certaines machines selon le besoin du client. Force est de reconnaitre que depuis quelques années, nos appareils sont fabriqués de plus en plus localement. L’idée à la création du CDT était d’aller s’inspirer de ce qui se fait ailleurs et dupliquer les bons modèles dans notre pays. En Inde, Indonésie, Turquie et Chine, nous avons avec l’appui de certains partenaires acquis des lignes que nous avons pu dupliquer ici en Côte d’Ivoire à des dimensions adaptées et adaptables à nos réalités. Au démarrage du CDT, nous étions à 100% de lignes conçues à l’étranger, aujourd’hui, nous sommes à 60% des machines conçues en Côte d’Ivoire grâce à l’encadrement apporté aux fabricants locaux et surtout à l’effervescence qui nait autour du métier de fabricants de machines dans notre pays.
6) Y’a-t-il des facilités de paiement pour les petits producteurs qui souhaitent acheter des machines?
Oui bien évidemment, nous accordons des facilités de paiement à ceux qui méritent c’est-à-dire nos clients fidèles car il y’a un capital confiance qui s’installe entre eux et nous. Il existe également des facilités de paiement pour des clients qui sont accompagnés par des institutions financières, des sociétés coopératives, des mairies, ONG…
A côté de cela, nous allons au-delà de la simple vente de machines, nous apportons une assistance à nos clients dans le choix des machines et de l’activité. Dans notre objectif de promotion de l’agro-transformation, nous avons eu souvent à céder des machines à certains clients qui ont progressivement réglé la facture. Au CDT, avant tout c’est le profil du client qui nous intéresse, quand dans toute la démarche d’accompagnement, nous avons eu des indicateurs qui nous rassurent, nous pouvons passer à des prises de risque efficientes qui peuvent permettre au client de mener son projet de façon durable.
7) Existe-t-il des antennes du CDT à l’intérieur du pays ?
Malheureusement, il n’existe pas d’antennes du CDT à l’intérieur du pays. Mais nous travaillons actuellement sur la question. Nous avons en projet d’ouvrir des antennes dans plusieurs villes du pays car le plus important pour nous c’est de se rapprocher de tous les Ivoiriens.
8) Quels sont aujourd’hui vos projets à court, moyen et long terme?
Nos projets immédiats consistent à se rapprocher des Ivoiriens à travers deux (2) activités majeures. En effet, nous avons pour ambition la création de deux (2) parcs technologies rapprochés. Ce projet sera mené en partenariat avec tous les petits fabricants qui exercent dans des villes telles que Bouaké, Korhogo, Ferké, à l’est ainsi qu’à l’ouest. L’année prochaine, le CDT compte se déployer à l’effet de regrouper toutes ces initiatives par la création de parcs locaux dans chaque Chef-lieu de région en accord avec les collectivités (Conseil régional, Mairies…). Ces différents parcs constitueront des bases de petites antennes CDT dans chaque région de Côte d’Ivoire. La seconde activité consistera à renforcer nos campagnes de promotion. Déjà, il faut retenir que chaque mois, le CDT cible une région où une campagne de promotion et sensibilisation est menée. Cette activité est ponctuée par des démonstrations publiques avec pour objectif de montrer aux exploitants agricoles comment obtenir de la valeur ajoutée de leurs produits à l’aide de petites technologies. Enfin, notre projet à moyen terme est d’organiser les JMT à l’intérieur du pays. Après huit (8) éditions tenues à Abidjan, il est important de permettre aux artisans des autres villes du pays d’avoir une opportunité de visibilité à travers cet événement.
Un Mot de fin
Je souhaiterais terminer cet entretien par une invitation aux Ivoiriens à consommer les produits transformés localement. Le pays ne gagnera jamais la bataille de l’agro-transformation tant qu’on n’aura pas réussi à nous imposer une discipline dans la consommation. Consommons ce que nous produisons, produisons ce que nous consommons.
Entretien réalisé par Stéphane DIBI (LEPAYSAN INFO)